Projet de fin d'étude : Méthanisation

Etudiant : KOURAI LAMIAE

Filière : LF SVI - Option Biotechnologies Microbiennes

Encadrant : Pr. GUEMMOUH RAJA

Annèe : 2020

Résumé : La méthanisation, est un procédé qui permet le traitement de déchets organiques et la production d’énergie renouvelable sous forme de biogaz. La digestion anaérobie par voie sèche permet en particulier la valorisation de substrats solides, offrant plusieurs possibilités aux traitements de résidus d’origine agricole tels les fumiers, des substrats constitués d’un mélange de paille, fèces et urine accumulés dans les litières des étables. Une très grande diversité microbienne est entretenue durant ce processus, traduisant une diversité de voies métaboliques impliquées. Lorsqu’elle est complète, la digestion anaérobie aboutit à la formation de biogaz. En termes de biotechnologie, le traitement par voie anaérobie de pollutions organiques permet de réduire le volume de déchets en générant du méthane valorisable sous plusieurs formes (électricité, chaleur, gaz naturel, biocarburant). Cependant, les digesteurs industriels sont optimisés pour un fonctionnement à 35°C ou à 55°C, ce qui nécessite un apport exogène d’énergie de maintenance. Ainsi, les travaux de thèse se sont intéressés à l’étude de la capacité d’adaptation de divers écosystèmes anaérobies industriels couvrant une variété de procédés et de conditions opératoires à convertir l’éthanol en biogaz à différentes températures. La première phase de l’étude avait pour but le conditionnement, en réacteurs de laboratoire d’écosystèmes à leur température d’origine avec un substrat facilement biodégradable (éthanol). Ensuite, les performances des communautés microbiennes (le potentiel méthanogène maximal et la cinétique de dégradation) ont été estimées sur un gradient de température de 5°C à 55°C en fioles. La phase de conditionnement des écosystèmes en réacteur batch a montré que la production de biogaz avoisinait la production théorique et que cette production s’accompagnait d’une diminution de la durée de réaction avec ajout successif du substrat. De plus, les cinétiques de production de biogaz obtenues variaient fortement d’un écosystème à l’autre. Des profils d’empreintes moléculaires (CE-SSCP) des communautés bactériennes et archées ont été réalisés au début et à la fin du conditionnement. Les populations bactériennes qui assuraient une performance efficiente étaient différentes de celles qui garantissaient une bonne capacité d’adaptation. Par ailleurs, le potentiel d’adaptation dépendait de la présence de populations d’Archaea méthanogènes bien spécifiques. En plaçant ensuite les écosystèmes conditionnés dans des conditions de température éloignées de la température d’origine, seuls les écosystèmes mésophiles se sont acclimatés aux températures psychrophiles. Comme attendu, l’activé spécifique maximale des méthanogènes était toujours obtenue à la température d’origine de l’écosystème. L’analyse des communautés bactériennes et archées à la fin de la période d’acclimatation a révélé que l’acclimatation des écosystèmes thermophiles et mésophiles à des températures plus faibles ne modifiait que légèrement la structure des communautés microbiennes. En revanche, des changements plus importants étaient obtenus lorsque la température d’incubation était augmentée par rapport à la température d’origine de l’écosystème. En résumé, l’étude de l’effet de la température d’incubation (de 5°C à 55°C) sur l’activité fermentaire et sur la structure des populations microbiennes est un bon modèle d’étude au laboratoire pour appréhender l’impact d’un facteur abiotique sur la dynamique structurelle et fonctionnelle d’une communauté microbienne complexe.